Tableau de l'atelier de Quentin METSYS vendu 490.000 €

ECOLE ANVERSOISE VERS 1520,
ATELIER DE QUENTIN MASSYS
Christ Salvator Mundi
huile sur panneau
54 x 35,2 cm. (21 ¼ x 13 ¾ in.)

Provenance
Entré dans la collection de la famille Oppenheim, probablement par Hermann Oppenheim, fondateur de la banque de Constantinople, dans les années 1860-1870;
Sa fille, Hélène Oppenheim, épouse d'Henri de Saint-Jean de Lentilhac, Château de Lentilhac, sud-ouest de la France, puis installée à Florence après sa séparation, Lungarno degli Acciaiuoli 22, vers 1900-1940;
Sa fille, Marie-Antoinette de Saint-Jean de Lentilhac, 1975;
Son fils, Jacques Gérald O'Connor, 1980;
Resté par descendance dans la famille de l'actuel propriétaire, sud-ouest de la France.

Ce Christ en Salvator Mundi ou Sauveur du Monde est une oeuvre inédite, une version de la plus haute qualité réalisée dans l'atelier du maître anversois Quentin Massys ou Metsys auquel on doit le prototype, conservé au Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Anvers. Le tableau d'Anvers présente un Christ en buste, la main droite levée en signe de bénédiction, la partie supérieure de la croix visible dans sa main gauche, et fait écho à une Vierge en prière (inv. nos. 241-242). Massys semble lui-même s’inspirer de la figure de Dieu bénissant dans le célèbre Retable de l’Agneau Mystique de Jan et Hubert van Eyck achevé en 1432 (Cathédrale Saint-Bavon, Gand).

Notre tableau, probablement exécuté vers 1520, s’impose dans un format plus vertical, révélant l’entièreté de l’orbe crucigère, globe terrestre surmonté d’une croix qui était utilisé comme symbole d’autorité dans l’iconographie occidentale. Dans les médaillons en grisaille aux extrémités de la croix, on reconnaît les symboles des figures évangéliques de saint Jean (aigle), saint Luc (taureau) et saint Matthieu (ange). Ce globe a ceci d’étonnant qu’il fait office de serre renfermant des arbres que l’on aperçoit par un jeu subtil de transparence et mettant en exergue la biodiversité sur terre. Sur la photographie infrarouge, le dessin sous-jacent très présent et vigoureux au niveau de la main et de la broche témoigne d'une vive réflexion dans l'élaboration de la composition (ill. 1).

La matière picturale est fine, le trait, précis et délicat, les glacis appliqués en couches successives contribuent à rendre le modelé et les nuances des carnations avec un réalisme extrême. Ce Christ au regard hypnotique nous invite à un moment de grande spiritualité et rappelle l’importance grandissante de la foi chrétienne inébranlable aux yeux des fidèles.

Il existe plusieurs variantes du sujet qui connut un grand succès auprès des contemporains de Massys dont Joos van Cleve (1485-1541) et Ambrosius Benson (vers 1495-1550). La composition telle qu'elle se présente ici fut également reprise dans l’atelier du peintre et chez ses disciples les plus proches. Des exemples peuvent être notamment trouvés au North Carolina Museum of Art, Raleigh (attribué à Quentin Massys et atelier, inv. no. GL.60.17.62) et au Grosvenor Museum, Chester, Royaume-Uni (atelier de Quentin Massys, inv. no. 2006.274). Parmi ces différentes versions, l'une d'elle, conservée au Suermondt-Ludwig-Museum, Aix-la-Chapelle, semble se rapprocher davantage de notre composition avec un Christ au visage doux et le même orbe crucigère laissant apparaître des arbres (attribué au Maître de la Madeleine Mansi, inv. no. GK 295).

Nous remercions le Dr. Maximilaan Martens et Till-Holger Borchert d'avoir confirmé l’attribution de ce Salvator Mundi à l’atelier de Quentin Massys sur la base d'un examen direct de l'oeuvre.